Action/réaction : comment un gigantesque embouteillage a transformé la route des vacances

Article mis à jour le 05 Juil 2021
Leitmotiv de l’été, on s’est habitué année après année, aux prévisions de circulation égrénées dans les médias pour éviter les bouchons sur les routes. Notamment sur les grands axes en direction du Sud.
Mais on sait moins qu’un énorme embouteillage (*) est à l’origine de ces prévisions. Celui du samedi 2 août 1975, avec 60 000 véhicules bloqués et 600 km de bouchons cumulés à 11h du matin. Les axes routiers du sud-est, notamment dans la vallée du Rhône, et ceux du sud-ouest – impossible d’avancer sur un quart de la longueur de la nationale 10 – sont entièrement saturés.
L’État décide de mettre en place des solutions qui « préviendront la récidive »… Il s’agit tout d’abord de mieux connaître les intentions des automobilistes pour l’été suivant. Puis de les inciter à étaler leurs départs en vacances, à emprunter des itinéraires bis et, au besoin, à faire des pauses dans des points d’accueil créés pour l’occasion.
Notre association va contribuer à la connaissance du phénomène. En effet, pour connaître les projets de déplacements des vacanciers Français, 230 000 adhérents de l’association Prévention Routière vont répondre à une enquête. A la clé, une découverte : les automobilistes français savent plusieurs mois à l’avance le jour et l’heure de leur départ en vacances ainsi que leur destination ! On peut donc prévoir précisément où et quand auront lieu les embouteillages…
Création de Bison Futé, campagnes d’informations, création d’itinéraires bis, etc., les actions qui ont suivi ont eu des résultats spectaculaires : en 1976, le nombre d’heures perdues sur la route des vacances était réduit de moitié.
(*) L’histoire – et ses suites – a été rappelée par Jean Poulit, ingénieur général des Ponts et Chaussées et “père” de Bison Futé, lors de l’un d’un café de la statistique sur le thème « La statistique face aux évolutions économiques et sociales » en 2008.