Australie : Graham l’invulnérable nous renvoie à notre fragilité

Article mis à jour le 19 Sep 2016
Une très grosse tête, pas de cou, un visage plat (ni oreilles ni nez apparents), une cage thoracique renforcée, des articulations ultra-flexibles… Nul ne voudrait ressembler à Graham ! Et pourtant : il présente l’avantage indéniable de pouvoir résister aux dégâts causés par la violence du choc lors d’un accident de la route.
Il est né en Australie de la rencontre entre un chirurgien traumatologue du Royal Melbourne Hospital, un expert en accidentologie du centre de recherche de l’Université Monash dans l’État de Victoria et une sculptrice, travaillant entre hyperréalisme et anticipation sur les représentations du vivant.
Graham est une sculpture interactive, conçue avec des caractéristiques physiques qui pourraient être présentes chez les humains s’ils avaient évolué pour résister aux forces impliquées dans les accidents de la route. Au cœur d’une campagne de sensibilisation lancée le mois dernier en Australie, il s’est exposé à la Bibliothèque d’État de Victoria. Aujourd’hui, tout un chacun peut aller rencontrer le monstre sur son site.
Loin d’être un simple jouet ingénieux, fruit de l’imagination fantasque d’une poignée de passionnés, cette étonnante création est avant tout un outil pédagogique qui tourne notamment dans les établissements scolaires.
L’occasion de rappeler les fondamentaux. La tolérance biomécanique du corps humain aux chocs n’est pas modifiable – nous ne ressemblons pas à Graham ! Mais la conception des routes et des véhicules a fait des progrès et peut encore être améliorée. La quantité d’énergie cinétique libérée lors d’un impact, autrement dit la vitesse, peut être réduite. Diverses technologies (freinage d’urgence automatique, contrôle de stabilité du véhicule, systèmes de détection de la fatigue du conducteur…) peuvent aussi rendre la conduite plus sûre. Et l’exposition au risque peut diminuer si l’on utilise plus massivement les transports en commun, si l’on circule à vélo ou à pied dans des zones préservées de la circulation automobile…
Nous ne ressemblerons jamais à l’invulnérable Graham. Mais désormais son « existence » nous rappelle que nous devons nous attacher à rendre le système de la route dans sa globalité (la route, le véhicule, le conducteur…) toujours plus sûr et plus protecteur.