Se reconstruire après un accident, le quotidien de Geoffrey, bénévole dans l’Isère

Article mis à jour le 10 Oct 2019
Forts coups de fatigue, douleurs intenses, sensibilité à fleur de peau… Les séquelles que Geoffrey Agostiniano a conservées de son très grave accident de la route il y a sept ans sont peu visibles mais bien réelles. Surtout, il a dû batailler ferme pour réapprendre à vivre, faire à nouveau fonctionner son corps, retrouver la mémoire…
Et pour réussir sa licence, dans la spécialité des activités physiques adaptées pour la rééducation à travers le sport des personnes à besoins spécifiques, le diplôme qu’il vient de valider !
Geoffrey a 19 ans quand, le Bac en poche et inscrit en école de théâtre à Lyon, la soirée qu’il passe avec ses amis, dans un village voisin de celui de son domicile familial en Isère, tourne court. C’était en novembre 2012. « C’est moi qui conduisait, raconte-t-il. J’étais prudent. J’avais décidé de ne pas trop boire. Et on a pu rentrer chez moi. » Mais, un peu plus tard, en raccompagnant l’un de ses amis, malade, les choses se gâtent… « Selon le rapport de police, livre Geoffrey, je roulais à 50/55 km/h, j’avais 1 g d’alcool dans le sang et je me suis endormi au volant. » Le traumatisme crânien qu’il subit le plonge dans un coma qui va durer plus de deux semaines. Et il lui faudra encore de longs mois d’hospitalisation et d’intense rééducation pour (re)devenir le jeune homme actif, déterminé et courageux qu’il est aujourd’hui à 25 ans.
« C’est un grand enfant d’1,83 m qui s’est réveillé en réanimation », explique Geoffrey. Il a fallu que je réapprenne à parler, à manger, à marcher…, que je réapprenne aussi les jours de la semaine, par exemple. Le chemin a été long et incertain, conclut-il. « Même les médecins ne savent pas comment quelqu’un va récupérer après un traumatisme crânien. »
Une fois sa convalescence terminée, pas question de se laisser aller. Volontaire, persévérant, Geoffrey tente d’abord de renouer avec le théâtre. En vain. « Le monde n’avait pas changé, se souvient-il. Pourtant tout avait changé ». Il décide ensuite d’entamer des études de médecine, mais « c’était trop difficile pour moi », reconnaît-il. Que faire ? Il se rend assez vite compte que, pour continuer à avancer, il doit « se soulager, extérioriser toutes les blessures… ». Son long et fastidieux combat contre les conséquences de son terrible accident, les efforts démesurés qu’il a dû fournir pour récupérer, les difficultés liées à son handicap actuel…, Geoffrey ressent le besoin impérieux de tout raconter. Sans jamais oublier ce qui a été l’une de ses grandes chances, le soutien indéfectible de sa famille, un «facteur puissant de rétablissement. »
Il met plus d’un an à écrire le récit de son « retour à la vie », Marche après marche – Lutter pour revivre, qui est publié en 2017 chez un éditeur lyonnais. C’est à cette même époque qu’il se lance dans ses premières missions de bénévole au sein de notre comité départemental de l’Isère, rejoignant ainsi, dès qu’il s’en est senti capable et qu’il en a éprouvé le besoin, l’engagement adopté par sa mère quelques années plus tôt. Aujourd’hui, étudiant en Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportive) ayant clos avec succès la première étape de ses études universitaires, il continue à intervenir régulièrement notamment dans les lycées, aux côtés des représentants de notre association dans l’Isère. Sa démarche est à la fois thérapeutique et altruiste. Il témoigne inlassablement, soucieux d’alerter son auditoire, désireux de faire comprendre qu’il faut ne jamais cesser d’être vigilant. « Il suffit d’une fois… », insiste-t-il. Son intervention qui recueille « beaucoup d’écoute », est suivie d’un long silence. « J’ai à peu près le même âge que les lycéens, analyse Geoffrey, et je leur raconte mon histoire ». D’ailleurs, c’est précisément sur son « vécu » que portent la plupart de leurs questions.
Un ultime message à partager ? Celui que Geoffrey aime à distiller : « Respectez-vous, respectez-les ».
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