Stupéfiants et conduite
L’association Prévention Routière et l’ETSC (*) ont organisé, le 10 mai 2019, un séminaire consacré à la conduite sous l’influence de stupéfiants, intitulé « Réglementer la conduite sous emprise de stupéfiants pour la protection de tous les usagers de la route ».
Article mis à jour le 22 Mar 2021
Ce séminaire a été l’occasion de confronter les points de vue et les expériences menées en France et à l’étranger (en Belgique, aux Pays-Bas, au Canada). Dans un contexte où l’offre de drogues illicites ne cesse de s’amplifier dans le monde, la France constituant aux côtés de la Belgique et des Pays-bas une zone de transit en Europe, selon la récente synthèse fournie par l’OFDT (**).
L’influence néfaste des substances illicites sur la conduite ne nourrit aucune controverse : altération des capacités de concentration, de perception de l’environnement, de mémorisation… et des fonctions psychomotrices. Reste que le « sujet » est plus récent et donc bien moins documenté que celui de la conduite sous l’emprise de l’alcool.
Et 11% de conducteurs déclarent avoir conduit après avoir consommé des drogues illicites, au moins une fois au cours de l’année écoulée.
Du côté de la réglementation
En France, sur le modèle de la lutte contre l’alcool au volant, le contrôle s’opère en deux temps. Il commence par un dépistage fondé sur un test salivaire qui détecte le type de drogue consommée (cannabis, cocaïne, opiacés, ecstasy et amphétamines). Si le test s’avère positif, un prélèvement salivaire, analysé en laboratoire, confirme le résultat… et l’infraction. En plus, une prise de sang peut-être demandée par le conducteur contrôlé.
En Belgique, le dépistage puis le prélèvement salivaire sont précédés d’une série de tests de comportement. Une chek-list, bien connue en Amérique du Nord, que les Pays-Bas ont aussi adoptée.
Tous s’accordent sur l’intérêt du test salivaire, pratique, rapide et fiable. L’entreprise Securetec a ainsi présenté les tests qu’elle développe et ne cesse de perfectionner (réactivité plus rapide, sensibilité affinée…).
Éducation et communication
Autre volet capital de la lutte contre les stupéfiants au volant, la sensibilisation des usagers, par l’éducation et la communication. Un aspect jugé partout capital.
Y compris en France où, dans l’année, les principaux partenaires institutionnels devraient se réunir pour inciter les médecins à ouvrir le dialogue avec ceux de leurs patients qu’ils savent consommateurs de stupéfiants. Pour sa part, l’association Prévention Routière a pris le parti d’intégrer la thématique « drogue et conduite » dans la plupart des supports pédagogiques pour les lycéens, par exemple, développés avec l’association Attitude Prévention. En France, la DSR (Délégation à la sécurité routière) a choisi de porter le message de la lutte contre les stupéfiants au volant, notamment dans une récente campagne lancée en 2018.
Que faire ?
L’ETSC liste une série de recommandations qui peut constituer une synthèse commune à l’échelle européenne.
Il s’agit de favoriser la « tolérance zéro » auprès des conducteurs en fixant un seuil (comme pour l’alcoolémie) et développer l’information auprès des forces de l’ordre afin de renforcer l’efficacité des contrôles.
Il faut aussi intégrer la sensibilisation à la conduite sous l’influence de drogues à toutes les situations éducatives (en milieu scolaire, auprès des conducteurs professionnels…), prévoir des programmes de réhabilitation spécifiques pour les conducteurs sanctionnés.
Et aussi poursuivre la collecte de données et la recherche (effets de nouvelles substances, technologies de détection…).
Enfin, il est malheureusement encore trop tôt pour connaître l’impact de la dépénalisation (délégalisation) de l’usage du cannabis, sujet sensible en France, qui vient d’être mis en œuvre à l’automne denier au Canada. A suivre.
(*) European Transport Safety Council = Conseil Européen de la Sécurité des Transports
(**) Observatoire français des drogues et des toxicomanies