Les zones 30, pour la sécurité de tous
30 ans pour les zones 30 ! L’âge de la pleine maturité pour ces espaces permettant de préserver la qualité de la vie en ville et la sécurité des déplacements pour tous, pas seulement pour les usagers motorisés. Et qui peu à peu façonnent des villes 30.
Article mis à jour le 24 Juil 2024
Article mis à jour le 3 octobre 2022 –
Ce qu’est une zone 30
Sans exclure ni les enfants, parfois turbulents, ni les séniors, moins alertes.
Sans y être prioritaire, le piéton s’y déplace en sécurité : il emprunte le trottoir (quand il existe) et peut traverser facilement, tout en restant vigilant, même en l’absence de passages piétons,
Le vélo cohabite sans difficulté avec les usagers motorisés, en raison de la vitesse homogène qui plafonne à 30 km/h. Et le double-sens cyclable y est la norme, sauf si la commune en décide autrement.
La zone 30 est définie dans le Code de la route par les articles R110-2 et R411-4.
- Plus on roule vite, plus la distance d’arrêt augmente. Et inversement.
Sur route sèche, avec de bons pneus :
– à 50 km/h, on parcourt 27,5 mètres pour s’arrêter
– pour s’arrêter à 30 km/h, on parcourt 13,5 mètres, soit une distance moitié plus courte
Ce n’est pas rien s’il faut s’arrêter pour laisser un piéton…
- Plus on roule vite, plus le champ de vision rétrécit. Et vice-versa.
Quand on regarde devant soi :
– à 50 km/h, on voit sur 90°
– à 30 km/h, on voit jusqu’à 120°
Ça peut être utile en ville, dans le trafic dense qui mêle voitures, motos, vélos, enfants, seniors…
- Rouler doucement ne fait pas perdre de temps.
Les études montrent qu’en milieu urbain :
– quand la limitation de vitesse est fixée à 50 km/h, on roule en moyenne à 18,9 km/h
– quand la vitesse est limitée à 30 km/h, on roule en moyenne à 17,3 km/h
Perdre 18 secondes par kilomètre, soit 6 minutes sur 20 km, ce n’est pas vraiment perdre du temps…
D’autant qu’en ville 1 trajet sur 2 fait moins de 3 km !
Repérer les zones 30
A quoi reconnaît-on une zone 30 ?
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Aménagement
La zone 30 ne requiert pas d’aménagement spécifique, si ce n’est :
– des trottoirs bien différenciés de la chaussée,
– des trottoirs larges, sur lesquels le cheminement piéton est facilité par le moins d’obstacles possible (stationnement, arrêt de bus, mobilier urbain…)
– des traversées piétonnes possibles partout, sans multiplier les passages piétons.
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Signalisation
La zone 30 ne se cache pas :
– elle est signalée, à chaque entrée, par un panneau B30 ; puis un panneau B51 indique la “fin de zone 30” ;
– en complément, la mention « Zone 30 » peut être inscrite, en blanc, sur toute la largeur de la chaussée, avec parfois des flèches directionnelles.
Un marquage au sol qui, en milieu urbain, est plus lisible que les panneaux situés en hauteur.
Pour en savoir plus, le site du Cerema
A quoi sert la zone 30 ?
– Elle garantit des conditions de déplacement satisfaisantes pour tous.
– Elle préserve la qualité de la vie et la tranquillité dans la rue, en centre ville, près des écoles, dans les quartiers résidentiels…
– Elle favorise une mobilité sécurisée en ville, dans les bourgs ou les villages.
Les arbres sont les obstacles latéraux mortels les plus souvent impliqués dans les accidents mortels (25% des cas), devant les fossés, talus ou parois rocheuses (13 %), les murs ou bâtiments (12 %), les poteaux (9 %), et les dispositifs de retenue (15 %).
La zone 30, un aménagement parmi d’autres
La zone 30 se différencie d’autres types d’aménagement d’apaisement de la circulation, notamment :
– l’aire piétonne qui donne la priorité aux piétons et tolère les véhicules motorisés, le plus souvent au pas ;
– la zone de rencontre qui privilégie « la mixité des usages », impose une vitesse encore plus basse (20 km/h) et repose sur le principe de prudence selon lequel l’usager le moins vulnérable doit faire preuve de vigilance à l’égard du plus fragile…
Mais les objectifs sont les mêmes partout :
- accueillir les modes de déplacement doux (marche, vélo, trottinette…),
- favoriser une circulation apaisée
- partager l’espace public.
Plus de 9 Français sur 10 sont favorables à la réduction de la vitesse aux abords des écoles.
Mais 3 sur 4 (74%) déclarent avoir du mal à respecter la limitation à 30 km/h, même aux abords des écoles.
Les Français reconnaissent pourtant que passer de 50 à 30 km/h :
– raccourcit la distance de freinage en cas d’urgence (89%),
– réduit le risque de blesser un piéton en cas de collision (82%),
– facilite les capacités d’observer ce qui se passe autour de soi (78%)
– favorise le partage de la route et de la rue. (73%).
Et quand on analyse le comportement réel des conducteurs, ce que rend possible le Nouvel Observatoire via l’application regroupant « la communauté des éclaireurs », on peut mesurer combien rouler doucement ne va pas de soi…
Dans les zones 30, les conducteurs roulent au-dessus de la limite à 30 km/h durant plus de 20% du temps, et aux abords des écoles, ils dépassent 30 km/h pendant 10% de leur temps de circulation !
(*) Lancé il y a près de 3 ans par notre association et ses partenaires, Assurance Prévention, Inetum (anciennement Gfi Informatique), Institut des Actuaires, Opinion Way.
De la zone 30 à la ville 30
- Un peu partout en France comme chez nos voisins européens, les zones 30 se multiplient. Aujourd’hui, c’est souvent la ville toute entière qui se transforme en une vaste zone 30, devenant une ville 30.
Après les pionniers comme Grenoble et toute la métropole, c’était au tour de Lille, Bègles ou la petite ville de Plailly (Oise) de franchir le pas, puis à celui de Rennes et Nantes en 2020. Désormais, le mouvement est lancé ! Paris, Montpellier, Lyon, Bordeaux… roulent à 30 km/h. Une vitesse choisie aussi par de nombreuses communes distinguées par notre label
En Europe, Bruxelles, Bilbao, Madrid, Milan, et tant d’autres, optent résolument pour la vitesse à 30 km/h dans la quasi-totalité des voies urbaines.
Quant à l’Espagne, elle ouvre la voie à une réglementation générale dans tout le pays, en instaurant la vitesse de 30 km/h en ville lorsqu’il y a une seule voie par sens de circulation.
Pour en savoir plus, le site ville30.
En 2021, l’ONU lance la campagne #Love30 à l’occasion de la 6e semaine mondiale de la sécurité routière du 17 au 23 mai 2021.
Avec l’objectif que la vitesse de 30 km/h devienne la norme dans les villes et villages du monde entier !
30 km/h en ville, un peu d’histoire
Voilà 30 ans qu’elles font partie du paysage urbain. C’est la modulation de la vitesse en ville, le 1er décembre 1990 (*), qui en France ouvre la voie aux premières zones 30.
La limitation générale est désormais fixée à 50 km/h (au lieu de 60). Et dans le même temps les maires ont aussi la possibilité de relever la vitesse à 70 km/h sur les voies rapides, en général en périphérie, et de l’abaisser à 30 km/h dans les lieux où la vie locale domine, où se mêlent différentes catégories d’usagers, y compris les plus vulnérables (enfants, seniors, piétons, cyclistes…).
L’idée de réduire la vitesse dans les quartiers résidentiels vient des Pays-Bas qui la testent avec succès dès la fin des années 1970. La zone 30 s’intègre d’emblée au programme « Ville plus sure, quartiers sans accidents » mené dans les années 1980 avec le Certu (devenu le Cerema) pour concilier qualité de vie en ville et sécurité. Un peu plus tard, elle fait pleinement partie du Code de la rue initié en 2008 puis se remodèle dans le cadre du Plan d’actions pour les mobilités actives (Pama) mis en œuvre en 2015.
En Europe aussi
En 2012/2013, l’une des premières initiatives citoyennes européennes revendique la limitation à 30 km/h pour réhabiliter la ville comme un lieu de vie et d’échanges. Et jusqu’à la Déclaration de Stockholm en février 2019 qui rassemblait les représentants de gouvernements du monde entier, les institutions de l’Union européenne (Parlement, Commission) encouragent l’aménagement de zones 30 urbaines, voire les villes 30, dans toute l’UE.
(*) par décret du 29 novembre 1990 pour une entrée en vigueur le 1er décembre 1990.
Passez à la vitesse 30, signez notre pétition !
La vitesse des véhicules motorisés (quels qu’ils soient) reste un facteur aggravant des accidents de la circulation et l’une des causes principales de mortalité sur les routes de France. Plus la vitesse augmente, plus le champ de vision du conducteur diminue, plus la prise d’information doit être rapide et devient difficile, plus la distance d’arrêt s’allonge.
Pour lutter contre les accidents liés à une vitesse trop élevée, signez notre pétition pour la généralisation du 30 km/h dans chaque ville de France !